Les vibrations de ton téléphone se noient dans le beat de la musique qui hurle dans tes oreilles. T'es en chasse. D'un nouveau bar, d'une nouvelle boîte, peu importe, d'un endroit que tu connais pas. Car en plus d'être embarrassant, le défi qui t'es donné ce soir est emmerdant. Draguer un parfait inconnu. Tu pourrais le faire dans la rue. Mais ton visage est trop connu. Tu peux pas risquer d'être encore plus mal vu par ton padre qui t'as déjà à moitié renié.
T'arrives pas à lui en vouloir, c'est toi et ta putain de naïveté qui avez foiré.
T'avais merdé.
Sévère.
Et t'en paye les frais. A chercher un endroit où personne te reconnaîtra. Où la foule sera trop imbibée pour te calculer.
Finalement, finalement, tu pénètre dans un établissement, ton portable dans la poche de devant de ta veste en jean abimée mais aimée, jettée par dessus une chemise noire pour faire un minimun habillé. Un jean noir moulant ton cul pour tout compléter. Puis tes converses adorées. Cadeau de ta mère disparue. Orphelin du côté maternel depuis peu.
Merde t'es censé être en deuil, pas en train de draguer. D'ailleurs, tes cernes en disent assez. Bref, t'aurais dû te maquiller. Au moins pour avoir l'air pretty dans ce défi que tu ne peux te permettre de refuser.
Tu rentres et t'es rassuré. Personne que tu ne connais frôle tes côtés. Personne ne semble te calculer. Et t'en est satisfait. Bousculer à droite puis à gauche dans la foule à cause de ta carrure moyenne et pas si solide, anciennement assez musclé pour qu'on te le fasse remarquer. Maintenant tu te laisses aller. Perdant la masse pour laquelle tu avais tant travaillé. Putain de gènes féminin. Putain de bon à rien.
Tu devrais reprendre les hormones. Ouai, ça c'est une bonne idée. Quand t'aurais les sous pour te les payer. Quand tu devras pas chouiner pour qu'on te transfère de l'argent sur ton compte. Argent avec lequel tu te paye un verre, alcool le plus fort disponible au bar, pour espérer te déshiniber et te permettre de draguer.
Voilà qui te faisais badder. Entre ça et l'argent, t'étais pas habitué à quémander. Avant on se jettait sur toi, te laissait pas le temps d'en placer une et soudainement tu te réveillais dans un lit inconnu, ayant déjà conclu.
Sauf que pour ce défi, ça allait pas passer. Les viewers veulent de la distraction, et t'es là pour leur en donner, quitte à passer pour un con.
Et soudainement, malgré l'alcool qui vient te griser, t'es nerveux. Incapable d'aligner un mot ou deux. Tu jettes un coup d'oeil aux personnes qui t'entourent, croise le regard d'une nana qui te fixe et t'as peur. Peur qu'on te reconnaisse, de l'enterrement qui à été télévisé. De ta connerie monumentale que le monde à pu observer.
Alors tu fais demi-tour, enfilant ta capuche, prêt à partir, quand tu rentres dans quelqu'un.
Plus grand, plus musclé, tout ce dont tu te haissais à rêver de ne pas avoir été. Tes yeux viennent croiser les siens alors que tu sens tes oreilles chauffer de honte ou d'alcool, tu ne sais plus quoi penser.

"Pardon, c'était pas fait exprès."

Pas la peine de préciser, tu grince intérieurement, mais c'est trop tard, les mots ont déjà franchi tes lèvres. Et le joint que t'as fumé avant de sortir pour ta virée ne vient pas aider alors que du cringe, tu passes au rire, un giggle franchissant tes lèvres alors que tu lui avoue, assez conscient de ta propre position.

"J'vous offres un verre pour me faire pardonner ?"

T'as un joli sourire Camden, et tu l'oublies parfois, alors que tes dents se dévoilent que tes yeux dorés se plissent, te donnant presque l'air timide avec tes pomettes rosées.
Peut-être que ce défi ne va pas si mal se terminer ?