On te décrit comme quelqu'un de serviable, souriant, bienveillante. Certains, se sentent en sécurité à tes côtés persuadés que tu es fiable et prête à te sacrifier pour eux. Toi comme moi, nous savons pertinemment ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Après tout, ce n'est pas par pure bonté d'âme que tu es généreuse. Tu le fais parce que tu manques cruellement de confiance, en toi en eux, en tout le monde. Tu ressens cet immense besoin de reconnaissance, d'attention. Et ton unique moyen d'y parvenir est de te montrer sous ton meilleur jour.

Au fond de toi tu le sais, t'en as conscience, t'es qu'une hypocrite. Tu te dégoutes même de ce trait de ta personne, parce qu'en soit tu aimes partager des moments de joie et de bienveillance. Mais tu sais avec certitude que peu de personnes ne sont dignes de confiance. Tu ne l'es déjà pas toi même. Ce n'est qu'une image, une façade que tu préfères afficher aux autres. Tu n'es pas totalement fausse en soit puisque tu souhaites vivre d'amour, de joie et d'eau fraiche. Tu rêves d'une vie remplie de bonté, à donner et à recevoir. Alors tu donnes, mais tu observes les moindres faits et gestes de tous ces moucherons qui t'entourent.

Kate, tu passes ton temps à te parler à toi-même, maudissant chaque bouffon qui profite de ta sympathie et qui en redemande sans jamais rien donner en retour. Alors quand t'en a l'occasion, t'hésites pas à cracher dans leur verre. En vrai t'as mauvais caractère et peu de gens le savent car tu sais qu'au moindre faux pas, à la moindre critique ou rumeur, ton monde peut s'écrouler. Déjà qu'il est fébrile, il serait con de tout faire foirer... tu l'as déjà expérimenté une première fois, ce n'est pas nécessaire d'aggraver la situation.

Tu veux bien faire, tu veux être réellement bienveillante, mais y'en a marre des bouffons. Se sont tous des hypocrites qui recherchent la popularité pour vivre plus décemment, mais bordel t'es pareil. T'en as marre d'eux mais t'es bien obligée de faire pareil parce que tu sais pertinemment que sans un minimum de popularité c'est finito ! Kate aux oubliettes ! Et est-ce que tu veux ça ? Bien sur que non ! Tu sais très bien que tout le monde est plus ou moins dans le même bateau, sauf peut-être tes employeurs... mais c'est encore un autre débat, une autre histoire. En soit tu t'en branles, la justice n'existe plus vraiment dans ce foutu monde.

Tu vas donc continuer de sourire, de rire aux blagues qu'elles soient bonnes aux mauvaises. Tu vas persévérer dans ton boulot, car au moins t'as la chance de bosser dans un domaine qui te plait, t'es moins à plaindre que certains sur ça. Tu vas donc continuer de vivre ta vie de femme "trop sympa", taire tes envies de tabasser tous les connards que tu croises, puis tu vas suivre le système encore et toujours.

Ce qui est étonnant, c'est que tu passes quasi l'entièreté de ton existence à jouer un rôle. Tu n'es pas encore devenue folle, peut-être que ta bécane te permets d'exprimer... c'est vrai qu'au travers de la vitesse, la réalité n'est plus qu'une farce jusqu'au moment où le moteur cesse de vrombir dans tes oreilles. Je comprends ce que tu ressens, tes peines, ta joie réelle, ta haine... tu t'exprimes à l'aide de ta moitié, ta moto. Tu ne passes pas une seule journée sans faire un tour à ses côtés, car avec elle tu te sens hors du temps. C'est surement pour ça que t'es pas devenue complètement fêlée, tu peux faire face à la dure réalité.

Quand t'es dans la merde, tu sais te débrouiller au moins, tu ne comptes sur personne d'autre que toi-même. Tu voles, tu fraudes et tu voyages entre l'égalité et l'illégalité.

Tu sais pourquoi ?

Parce que t'as plus le choix t'façon.

T'es dans la merde jusqu'au cou.