Au début, il n’y avait rien.
Puis, toujours rien.
…
Nan mais me regardez pas, pour l’instant ya toujou- WOAAAAH PUTAING LE BIG BAAANG ! WOOOOOOO- j’arrête la vanne, d’accord.
Un peu plus de treize milliards et quatre cents millions d’années plus tard, le trois septembre deux mille douze pour être précis ; naquit un enfant. Elle arriva au Monde en hurlant corps et âme, couverte de fluides corporels, entre les mains d’une flopée de médecins ; un bébé, quoi.
Cette histoire n’a rien à voir avec cette pouffiasse. Va te faire voir, Clémentine. Personne ne t’apprécie, et tes broderies sont moches.
Notre protagoniste naît donc en septembre 2012 d’un père… euh… On s’en fout, en fait. D’autant qu’à écouter Magnus, son père avait mille deux cents métiers différents. Sa mère, elle ; était vétérinaire équestre.
L’enfant partage la passion de sa génitrice pour les animaux en général. Lui, est plus porté sur les chiens cela dit. Les contreforts alpins qui abritèrent la jeunesse de l’autrichien lui ont donné l’occasion de grandir noyé dans un océan de chiens de berger, bouviers bernois, chats, canards et chevaux. Oui, le jeune a connu les dernières décennies d’une Terre encore capable de cacher l’étendue de ses blessures à ses enfants les plus privilégiés. Oui, il avait, comme tous les gens de sa génération, parfaitement et profondément conscience des dégâts faits à la planète et des conflits qui se préparaient. Que pouvait-il y faire ? C’était un enfant, et on ne lui laissait que le choix de sa carrière, et encore. Sa carrière, il l’a subie plus qu’autre chose.
C’était un soir de décembre. La musique résonnait dans un salon vieillot. Elle rebondissait contre les lattes sombres du parquet. S’écrasait sur les arabesques du mobilier en noyer massif.
Perdu dans la contemplation des éclats colorés, Magnus réfléchit. Les détonations parviennent à ses oreilles en retard ; alors que les corolles incandescentes s’effacent dans le ciel nocturne. Elles laissent bien assez vite place à de nouveaux bouquets de poudre brillant de milles bleus, verts, rouges et orange, cela dit. Il voulait regarder les étoiles, ce soir. La mairie de Sankt Johann in Tirol en a décidé autrement.
Lové dans son fauteuil renaissance, le blond s’extirpe du feutre pourpre pour jeter nonchalamment le roi de carreaux sur la table. Les parents sont allés au gala du nouvel an organisé par la famille Werner. D’obscures et inintéressantes connexions à la noblesse austro-hongroise obligent Hildegarde et Bernhardt à honorer cette tradition. C’est, d’ailleurs, la millième édition du bal du nouvel an de la famille Werner.
Ce n’est pas par souci de modernité ou pour une quelconque égalité des sexes –idéologie sociétale plus que factuelle ou biologique, soit dit en passant ; que Bernhardt Johansson, danois de naissance, a pris le patronyme de son épouse. Il honore simplement le rigide ensemble de règles réputées tacites que l’on appelle l’étiquette.
Magnus sourit de toutes ses dents. Deux rois et deux as sur la table. Un as et un roi en main. Alors qu’il pose son as de pique à côté du roi de carreaux ; Léo pousse un soupir proche du rugissement, proteste.
« -Mais comment fais-tu, Magnus ! » Il n’y a pas de meilleure main qu’un full aux as par les rois. Liselotte s’est couchée au flop ; Amélia et Gregor à la river. Giampaolo lève les yeux de sa guitare folk pour asséner un rire suffisant au jeune homme au nom de lion.
« -Magnus a joué cette main comme à l’école. Il a relancé sur les deux paires, et t’as poussé au tapis à la river, quand il a eu son full. Avec deux as sur la table, tu pensais avoir la meilleure main ? » Le blond (celui dont le nom est écrit en haut de la fiche), adresse un regard résigné au musicien. « -Quoi ?! » s’écrie Giam.
« -Il n’apprendra jamais si on ne lui explique pas. Et tu refuses catégoriquement de jouer de l’argent avec nous. » L’italien hausse les épaules. « -Autant le préparer le plus possible. Qu’il ne liquide pas toute la fortune parentale au casino. »
La remarque arrache un rire bref à l’autrichien. Il ouvre la bouche pour se faire couper la parole « -Le seul moyen de gagner dans un casino est de ne pas jouer, on sait, stronzo ! » Magnus rougit, un sourire défait aux lèvres.
Le cri, entre surprise en horreur, de Lotte met fin à l’échange bon enfant des jeunes gens. Du haut de ses douze ans, la rouquine ne peut que paniquer en voyant Amélia s’étrangler, tenter de se redresser puis s’affaisser lourdement sur le sol. Alors que Gregor, doyen du groupe, bondit hors de son siège et attrape son téléphone, Giam et Leo cherchent pour la jeune fille de l’eau et une couverture. L’italien à la tignasse épaisse qui enfonce les doigts dans la bouche de son amie pour les en retirer en sang. Son air paniqué, alors qu’il annonce au russe qu’elle s’est tranchée la langue en convulsant.
Magnus, tétanisé, ne peut qu’observer. L’autrichien observe les secours arriver trop tard. Les pompiers attendre avec les enfants que les parents reviennent. Ces derniers, choqués par la nouvelle, qui emmènent les parents d’Amélia à l’intérieur. Le terrain difficile et les fortes chutes de neige auraient considérablement ralenti l’arrivée des secours. « Un drame qui ne peut être prévenu que par de lourds investissement dans les infrastructures. », a entendu le blond. L’air pincé de Bernhardt et Hildegarde qui ne peuvent rester : il faut continuer à animer la soirée. Ils sont partis depuis déjà une heure. Le regard défait de Giam. La rage, dans les yeux de Gregor.
Ainsi, le blond avait fait son choix. Si leurs parents préféraient leurs liens politiques et économiques, lui choisissait le vivant. S’il pensait toujours finir vétérinaire, voilà le fils cadet Werner décidé à devenir médecin. Liselotte, son aînée de trois ans, n’a jamais pardonné à leurs parents –
tous leurs parents. De laisser une gamine épileptique photosensible sans surveillance adulte le soir du nouvel an, dans une pièce avec une baie vitrée donnant sur le feu d’artifice du nouvel an. D’avoir l’audace de se mettre dans des états pareils, comme si leurs enfants étaient jusqu’alors autre chose que des petits pions à marier dans de belles alliances financières, à leurs yeux. Magnus est un pragmatique, et l’a toujours été. Alors, la vie a continué. Il s’est éloigné de sa sœur ; en même temps qu’elle s’est éloignée de leurs parents, et de l’Autriche.
Les années passent, et la conscience de Magnus s’aiguise. Il ne supporte plus de regarder au loin ses congénères s’entretuer pour quelques gouttes d’eau claire et un peu de foin. De savoir des hommes, femmes et enfants se faire massacrer et affamer pour défendre l’idéologie de quelques zélotes et leurs soi-disant fidèles. Alors, conscient de son inaction et persuadé que l’impuissance n’est qu’une excuse qu’on se donne pour avoir bonne conscience, le blond s’engage dans l’armée. Finit sa formation de médecin sur les champs de bataille : Yémen, Brunei, Ethiopie, Afrique du Sud. Partout où les crises politiques et humanitaires mutent, ôtent leur déguisement pour se révéler comme les simples guerres de ressources qu’elles sont ; le blond tend la main, d’abord. Le scalpel, ensuite.
Meurtri, déçu et traumatisé, c’est, finalement, son fusil qu’il brandit. De médecin de guerre, il devient soldat. De soldat, membre des forces spéciales.
Détaché sur les missions de pacification de l’OTAN et les Nations Unies, Magnus finit par mettre ses talents d’observation, sa patience et sa précision au service d’une carrière de sniper. Il y crut. Des années durant, il y crut. Jusqu’à se rendre compte, un beau jour, que faire exploser les têtes de gens qui n’ont que leurs armes et leurs haillons ; ça va pas sauver le Monde. Alors quitte à ce que ça foute la merde, quitte à ne servir qu’à tuer des gens et recoudre des tueurs, autant qu’il le fasse pour une meilleure paie. L’autrichien quitte l’armée, et s’engage dans plusieurs entreprises militaires privées. Et se retrouve, notamment, à Belfast en 2040. Ouais, un timing impeccable, le fritz. Et c’est pas le pire dans cette histoire !
Le pire ? C’est le silence. Quand dans ce qu’il reste des rues, perdu entre les grands murs où se distinguent de tristes stigmates d’une grandeur perdue, les coups de feu tombent dans un mutisme cabalistique ; on entend tout. Les sanglots, les cris. La rage d’un soldat dont la jambe est brisée sous les décombres. L’horreur, alors qu’une mère découvre un autre de ses enfants gisant à terre, sans vie ; une fois la poussière retombée. L’enfer qui tombe du ciel, repeint les murs, colle aux gravats. Le sang, mêlé à la suie et au sable, qui dessine entre les pavés de grossiers sillons carmin.
Le jeune homme ; engoncé dans une grotesque parodie d’uniforme ; invoque la gloire passée, les exploits de Cuchulainn. Le crépitement, résonnant entre les toits bleutés, qui lui répond bien après la fin. De l’action, j’entends. De l’escarmouche. De sa vie, aussi. La tête blonde gonfle et éclate, comme une pastèque tombée du sixième étage. Le tireur ne lui a même pas laissé le temps d’appuyer sur la gâchette. Pas cette fois. Le tintement familier de la cartouche sur les toits en zinc sonne comme le coup de départ d’un marathon.
Sans autre cérémonie, le viennois passe son L96A1 dans son dos et recule quelques mètres au sol avant de courir accroupi sur les toits de Belfast. Des tensions vieilles comme le Monde. Une guerre qui aurait dû finir il y a déjà trois siècles.
« Un ancien de la Spezialkeinsatzkraft, payé par des brits pour tuer des gosses irlandais. », disait son patron. La situation sonne comme le début d’une mauvaise blague.
C’est, cependant, le job le plus facile que Magnus a eu depuis des années. Les européens n’ont que trop récemment redécouvert les conflits armés. Ils sont encore naïfs et lestés par de grands idéaux. N’ont pas encore appris à faire de la guerre leur gagne-pain ; de la mort une compagne tenace. De la survie leur seul objectif.
« -Black Leader, ici GSD : Arrivé au point de tir Oscar-9. Prêt à faire feu dans dix. »
Alors que Mag place son fusil et son alarme de proximité, un kilomètre et demi plus loin, un mur éclate. Le bâtiment désormais éventré auquel il appartenait vomit briques, ciment, câbles et morceaux de canalisations ; alors qu’un déluge de plomb déchiquète ce qu’il restait de la déco victorienne de cette vieille bâtisse.
« -GSD, ici Black Leader ! On essuie un barrage lourd, ici. La direction des tirs a été ajoutée à ton HUG. Fume-moi ces irish et leurs miniguns de merde, et je valide ta prime de cibles prioritaires. »
Un sourire carnassier étire les lèvres du sniper. Putain, depuis le temps qu’il voulait le tester. Le chasseur arctique retourné dans son dos, l’autrichien ramène devant lui le fusil magnétique anti-matériel qu’il trimballe depuis le début de sa mission. L’optique de l’arme se déplie, brisant la jusqu’alors affinée silhouette du railgun.
Soixante pourcents… Quatre-vingt… Quatre-vingt-seize… Prêt à faire feu.
« -Black Leader, ici GSD. Vous me confirmez que les coordonnées de tir sont les bonnes ? », vérifie d’une voix monotone l’ancien médecin.
« -Tire, bordel ! Tant que tu vises aussi bien que tu le dis, personne t’enverra en cour martiale ! », beugle Black Leader par-dessus le familier grésillement d’un mur massacré par les balles.
La radio a cette mauvaise manie de dédramatiser la violence inhérente aux scènes de guerre. Magnus bloque sa respiration et enlève la sécurité, puis presse la détente. Le sifflement discret des condensateurs qui se vident est à peine audible, camouflé par le claquement sec du projectile en alliage de tungstène qui fend l’air, puis le béton et enfin les combattants de la NRA.
Les sifflements et hourras de l’escouade qui suivent, à la radio, l’explosion du projectile arrachent un sourire mauvais au blond. En face, les irlandais se battant pour leur liberté ont été réduits en un patchwork de cadavres meurtris, de flaques rougeâtres et de bouillie d’organes. Leurs derniers instants ont probablement lieu sous des gravats, les tripes à l’air, ne pouvant même pas hurler leur douleur pendant qu’ils se noient dans le sang qui inonde leurs poumons percés.
« -Requiescat in Pace. »
Magnus et sa conscience émoussée passent d’un côté à l’autre de la guerre d’unification des deux Irlandes : d’abord un soutien aux britanniques, le blond finit par défendre les irlandais. La mafia britannique s’étant fortement impliquée dans le conflit –une histoire de marché du traffic d’armes en Irlande, le crime organisé n’a que moyennement apprécié cette trahison.
C’est lors d’une cavale en Europe qu’il la rencontre. Au fond du manoir d’un vieux débris dont il a usurpé l’identité ; Magnus sirote paisiblement un Chianti d’exception aux rythmes de l’Anneau des Nibellungen lorsqu’il entend une porte s’ouvrir. Le couteau le rate de peu, et Magnus roule au sol. Se retournant un genou au sol ; le blond braque son arme sur son agresseuse. Elle est envoyée par les brits, c’est sûr. Comment ont-ils réussi à le retrouver ? Orlane a griffé sa puce, et c’est la meilleure dans le milieu. Personne n’a pu l’identifier grâce à ses méfaits.
«
-Stop ! On peut coopérer. N’avez-vous pas envie d’arrêter tous ces massacres, de vous mettre au vert ? », lance l’escroc. La belle a l’air intriguée. «
-Réfléchissez : S’ils veulent assez ma peau pour vous envoyer, c’est parce que je leur échappe depuis plus d'un an. » Sans quitter la jeune femme du regard, l’ancien médecin prend de profondes respirations. Si elle change d’avis, il n’aura qu’un seul tir pour se sauver.
«
-Je peux vous trouver une fausse identité, assez d’argent pour vivre dans l’opulence jusqu’à la fin de vos jours, ceux de vos enfants et ceux des leurs. Avec assez de marge pour offrir deux ou trois manoirs sur la côte d’Azur à vos frères et sœurs. » Elle ne baisse pas sa garde, mais l’écoute toujours.
Un sourire tranquille se dessine sur les lèvres du blond. Il semble s’être fait une alliée, ce soir. Fort heureusement, la belle est aussi accro au crime qu’il l’est lui-même. Ils ravagèrent les routes du Monde. Allemagne, Norvège, Écosse, Afrique du Sud, Congo. Jakarta, Shanghai, Osaka, Manille, Perth, Buenos Aires.
Le couple s’installe finalement à Lumopolis : l’appât du gain qu’offre cette ville où tout n’est qu’argent et poudre aux yeux est intenable pour le blond. La brune ? Tant qu’elle peut veiller sur son frère et céder à ses envies de crimes violents, tout lui va.
Lové dans un énorme fauteuil en similicuir, Magnus sourit paisiblement à l’hotêsse venu lui proposer un verre.
«
-Un irish s’il-vous-plaît. Distillé à l’eau de glacier d’antarctique, si vous avez. », répond le blond dans son allemand natif. La demoiselle acquiesce dans un sourire, trop contente de pouvoir parler sa langue maternelle pendant un vol entre Tokyo et Lumopolis.
Une Faye endormie sur son épaule lui labourerait la peau de ses ongles, si elle le voyait être aussi familier avec une autre femme. Et elle le ferait tout en affichant son inégalable sourire angélique, en plus. C’en est presque terrifiant : personne n’imaginerait la perfidie et la violence qu’elle dissimule sous ce visage poupin. C’est peut-être aussi ce qui l’attire chez elle… Enfin !
Ils s’installent, en l’an de grâce 2044, à Lumopolis. Là-bas, le blond reprend ses activités préférées : escroquer les gens, massacrer ceux qui s’opposent à lui. Il finit par entendre parler de D-Vice de la part d’une gamine que Faye a insisté pour adopter. Du fric facile et un peu d’adrénaline, pour peu qu’on filme ses exploits ? Mais c’est du pain béni, cette application !
Le zoomer entreprend donc de devenir un Player, en faisant bien comprendre à la polonaise qu’elle doit user de tout son réseau pour le rendre le plus populaire le plus vite possible : S’il doit faire le guignol pour divertir des gosses de riches en manque d’action, il le fera, mais avec panache.
Magnus naît en 2012, à Vienne
Il se prédestine en 2021 à des études de médecine suite au décès d’une amie proche.
Diplômé en chirurgie en 2035 après avoir sauté deux classes
Il s’engage de 2036 à 2038 sur le front des différents conflits armés en tant que médecin dans une ONG
Après s’être indigné contre l’inaction et le manque d’efficacité des ONG, Magnus s’engage dans l’armée, puis les forces spéciales autrichiennes Il est donc, en 2040, déployé avec l’OTAN et l’ONU sur des plans de « pacification du Moyen-Orient ». Il quitte l’armée la même année, dégoûté par les atrocités qu’il y a vues. En désertant, le blond fait griffer sa puce par Orlane McMiller.
Mag participe en tant que soldat du secteur privé à la guerre de réunification des deux Irlande, en fin 2040. Il aide d’abord les britanniques, puis les irlandais. La mafia britannique met donc une prime sur la tête de Magnus en 2041.
Le blond rencontre une tueuse à gages de cette même mafia, Faye Abberline, avec qui il monte un plan pour échapper à l’organisation qui souhaite les éliminer tous les deux. Ils s’échappent et entament une cavale à travers le Monde entier ; pour finir par s’installer à Lumopolis en 2044.
Faye ramasse sur le trottoir en 2046 une gamine nommée Apolonia , et veut absolument l’adopter. N’ayant pas la force de refuser quoi que ce soit à la brune, Magnus accepte. Apolonia montre D-VICE à Magnus, qui décide de devenir Player pour gagner "facilement" argent et renommée.