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le buzz de l'alcool pulse dans ses veines.
se calque sur la basse qui fait vibrer le plancher et les corps qui bougent autour de lui.
profite du couvert de l'anonymat offert par l'intoxication de la foule pour se laisser porter par la musique, cameron.
ça lui change du silence de son appartement, de son ambiance oppressante.
du manque d'inspiration.
lui permet d'ignorer la deadline qui, à l'image d'une épée de damoclès, lui caresse la nuque. les chansons ne s'écrivent pas seules — trop fier pour reléguer sa liberté créative à une tierce personne, il en a parfaitement conscience, mais l'idée de rester coincé seul entre quatre murs face à une page blanche le rend dingue.
la notification d'appel apparaît, un blink de plus sous les néons, passe presque inaperçue.
se fustige de ne pas avoir activé le programme pirate, cameron, ça lui aurait offert quelques heures de plus, avant qu'on vienne le chercher.
accepte celui-ci d'un battement de cils.
c'est pour me dire que la fête est terminée, c'est ça ?
ça suinte de moquerie, malice pratiquement palpable.
il n'a aucune envie de partir -la nuit est jeune-, encore moins si c'est son overglorified baby-sitter qui doit le ramener chez lui.
gotta catch me first.
et il raccroche, sourire trop large scotché au visage.
s'incline vers sa compagne éphémère, les lèvres près de son oreille.
il es̸t̸ ̷ t̴e̴m̶p̷̥͌s̷̱̃ ̶͚́d̸̻̈́ĕ̸͜ ̴̝̀t̴̺̉rȓ̴̮̘̿̐̚o̴͈̜̐̂͜͠ȕ̵͔ve̵͙͛r̶̛͜ ̴̱̕ü̴ͅn̴͍̄ ̶̖̄n̵̮͑ǫ̵̒ȕ̸̙v̴͕͐ea̵u̷ ̷ p̵a̴r̵t̴e̶naire.
c'est soufflé assez fort pour se faire entendre par-dessus la mélodie, requête saccharine sweet.
l'effet est instantané, elle se détache de lui sans protester, s'éloigne à sa demande, alors qu'il se redresse, jette un oeil aux alentours sans apercevoir le visage familier de milan.
s'enfonce dans le microcosme de la boîte de nuit dont il ne connait même pas le nom, l'adresse sélectionnée au hasard.
game on

oxymort

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le thrill du jeu supplante celui des boissons ingérées plus tôt.
ne l'efface toutefois pas, le rends plus sopply qu'il ne l'aurait été en temps normal, mais il s'amuse.
navigue entre les danseurs, traverse la piste, regard fixé sur les escaliers qui mènent à l'étage.
ça lui permettrait d'avoir une vue d'ensemble, repérerait milan plus facilement et-
sa voix résonne derrière lui, arrive à couvrir la musique.
sursaute, cameron, fait volte-face un peu trop rapidement -pièce qui tangue une seconde-.
la partie s'est terminée plus tôt que prévu, lui tire une expression renfrognée, les braises d'agacement sur le bout de la langue.
mais à la teneur de sa remarque acerbe, il ne peut s'empêcher d'arquer un sourcil.
gamin.
qu'il répète, son incrédulité on ne peut plus claire.
ne dure pas très longtemps, son visage se fend en deux, lèvres étirées en un rictus railleur.
est-ce que ça fait de toi un fossile ?
incline la tête de côté, menton coincé entre son pouce et son index alors qu'il fait mine de l'inspecter de la tête aux pieds, l'exagération théâtrale.
plutôt bien conservé.
c'est lancé avec l'insolence candide de celui qui se trouve clairement avantagé dans ce rapport de force.
ne doute toutefois pas de ses capacités à abîmer son faciès, ni de l'envie qui doit démanger ses phalanges de s'exécuter.
mais ce n'est pas son emploi à lui, qui se trouve sur la ligne.
son sourire s'estompe légèrement, se fait moins acéré.
plus sérieusement, maintenant que tu es ici, t'as pas plutôt envie de me tenir compagnie ?
il est sincère, cette fois.
ne cherche pas à l'embobiner et le brin de moralité qui subsiste encore en lui se manifeste par le manque de volonté à lui forcer la main.
il veut seulement échapper à son logement trop grand et l'ordinateur toujours en veille qui l'attend.
rien qu'un peu.
s'il te plaît implicite, sous le couvert de ses caprices.

oxymort

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sa propre remarque élicite un soupir blasé.
visiblement, c'est un fossile bien pessimiste.
ça accentue son rictus, devient presque sardonique, lorsqu'il relève le compliment exagéré.
peut-être qu'il a envie de souffler
reste toutefois silencieux.
ne souhaite pas l'antagonize plus qu'il ne le faut, d'autant plus qu'il ne veut vraiment pas rentrer tout de suite.
tempère la malice au profit de la sincérité — bien qu'incapable de s'abaisser à l'agrémenter d'un s'il te plaît, requête simple.
reste un peu, me laisse pas seul
c'est accueilli avec cynisme.
et ça, ça le vexe plus qu'il n'aimerait l'admettre.
son expression reste figée, le sourire qui étire toujours ses lèvres dénué de toute chaleur.
milan, stupidement trop grand, s'était incliné vers lui.
cameron, incroyablement agacé, se redresse.
ne me prend pas pour un idiot fini.
persiflé entre ses dents serrées.
ou une princesse en détresse.
il sait se défendre.
connaît les risques encourus par son entreprise capricieuse.
l'enseigne a été choisie au hasard, mais pas le quartier.
la plupart des gens ici sont complètement wasted. ceux qui m'ont reconnu ont simplement demandé un selfie. j'ai discuté. j'ai bu. j'ai dansé. et shocking news, je suis encore en un seul morceau et ma réputation n'est pas ternie.
sa voix se fait de plus en plus sèche, crescendo d'irritation culminant sur la fin de sa phrase.
ce n'est pas parce que hyun-
ce n'est pas parce qu'il avait merdé, qu'il fallait le caser dans la même catégorie que lui.
inspire, cameron, ferme les yeux une seconde.
ce n'est ni mon premier rodéo, ni mon dernier.
le constat est énoncé platement, sans l'animosité bouillante entremêlée à ses mots précédents.
finirait inévitablement par lui filer entre les doigts pour recommencer, du moins, s'il ne jetait pas l'éponge avant.
recule d'un pas.
est-ce que tu danserais avec moi, milan ? est-ce que tu prendrais un verre, si je te le demandais ? tu les fimerais, ces stupides vidéos, si je l'exigeais ?
sarcasme palpable.
il croise les bras, tête inclinée et sourcils froncés.
son regard ne le quitte pas.
alors je le demande de nouveau. est-ce que tu as envie de me tenir compagnie ?
demande, à défaut d'ordonner.

oxymort