i could set this world on fire
and call it rain
TW Violence conjugale, maltraitance infantileCela aurait pu être un véritable conte de fées s’il n’était pas né. Fruit de l’adultère, preuve irréfutable que sa mère avait commis l’infidélité, le père a décidé de continuer de naviguer sur le bateau à la dérive. Pour la gamine, qu’il disait. Sa naissance n’était pas considérée comme une bénédiction contrairement à son aînée. Âgée de six ans, il lui a pourtant rabattu les oreilles, cherchant à tout prix à lui faire intégrer que le bébé n’était pas réellement son frère. Il n’a pas eu son mot à dire, le sang qui coule dans les veines du bambin n’est pas le sien et ça le rend malade. Voir le symbole de la tromperie de sa femme sous ses yeux, chaque soir en rentrant eu tôt fait de détruire petit à petit l’amour qu’il garderait encore pour elle et sa fille.
Mère et fille ont porté autant d’amour que possible au nouveau-né, sans qu’il ne sache à l’époque que sa présence détruirait l’entièreté de sa famille. Il a toujours été vif, turbulent et ça enrageait celui qu’il appelait papa. Les années ont passées, les bouteilles se sont accumulées dans le gosier du paternel, la colère et le mépris avec. Le vice a eu raison de lui, la rage prenant le dessus, la violence a réellement commencée à s’immiscer dans la famille Abberline. Tout ça aurait pu être évité, mais la machine était déjà en marche, il était déjà trop tard pour arrêter son chemin et la destruction qu’elle allait semer.
Faye aura eu beau tenter de le préserver de tout ça, s’enfermant tous deux dans la chambre de la jeune fille, couvrant les bruits de coups et les râles de douleur par des chansons, avant de partager un baladeur MP3. Cela aura marché un temps, jusqu’à ce qu’à ses dix ans, les bruits qui ont résonné dans toute la demeure ne soient trop forts pour qu’il n’en fasse abstraction. Sa sœur n’a pas eu le temps de le rattraper à temps, il était déjà parti pour affronter son père ; trop jeune pour se rendre compte qu’il ne faisait pas le poids, se laissant guider par seule sa force de caractère.
Il lui crachera des atrocités, qu’il n’était pas désiré, le monde s’est écroulé sous ses pieds quand son paternel lui a révélé la vérité, qu’il a finalement été désigné comme l’erreur du programme qui avait causé tout ça. Le bourreau jeta son dévolu sur sa nouvelle victime, délaissant sa femme pour venir frapper avec véhémence le dos du jeune garçon, lui offrant pour la première fois une cicatrice douloureuse de son passé. Faye est arrivée trop tard, mais son geste aura surpris tout le monde ; la lame a transpercé la peau du paternel ; après son acte il ne lui restait qu’une seule solution, un câlin d’adieu et la voilà qui disparut complètement.
Ça a été un coup dur pour tout le monde, la mère du brun n’en revenait toujours pas, le paternel quant à lui avait fini par digérer la nouvelle en continuant son massacre. Des dizaines de stries amassées sur le dos du jeune garçon plus tard, les voisins auront enfin eu pitié d’eux. La police a débarqué, appelés -ironiquement- pour tapage nocturne et le mari violent enfin mis sous les barreaux.
Finalement âgé de dix-huit ans, Léo et sa mère quittèrent le foyer familial qui avait vu tant d’horreurs, quittant le Royaume-Uni pour l’un des districts des États-Unis. Sa mère s’est saignée jusqu’au bout pour lui apporter un monde dans lequel il pourrait enfin grandir en paix. Ça a marché pendant un temps, il a continué ses études pour faire plaisir à sa mère et à sa sœur, même s’il ne l’avait pas revu depuis ce soir sanguinolent.
L’âge et les traumatismes à répétition auront eu raison de la seule figure parentale sur laquelle il pouvait compter. Tout d’abord envoyée en hospice, car considérée comme incapable de subvenir à ses propres besoins, elle finira par passer l’arme à gauche. Léo ne s’en est jamais réellement remis et porte encore une haine monstrueuse envers ce qui a fait disparaître sa famille en fumée :
lui.
Il a bien tenté de trouver un petit boulot pour réussir à compenser les dépenses, prendre sa vie en main ; sa sœur lui envoie encore de l’argent ; il sait que c’est elle, mais se résout à ne pas y toucher, pas tant qu’elle ne sera pas revenue dans sa vie. Puis il y a D-VICE, apparu comme un jeu qui saurait satisfaire son besoin d’adrénaline, c’est aujourd’hui une des rares choses qui le maintient en vie, aussi bien financièrement que pour canaliser son esprit.
Perdu.