Sorry, c'était à mes yeux la meilleure ref à faire en tant que titre...

Ça ne pouvait pas être simple. Elle voulait que ça ne soit pas simple. Elle ne voulait pas donner qu'une ombre qui s'infiltre dans un garage quelconque pour subtiliser une voiture quelconque. Elle ne voulait pas que ça soit oubliable, donc oublié, que ça ne soit qu'un live de plus dans le feed de D-Vice. Elle veut que l'on parle d'elle. Qu'elle gagne ou qu'elle perde, qu'elle réussisse ou non : Elle veut laisser une impression. Bonne, mauvaise ? Peu importe.

Il n'y a pas de mauvaise publicité. On peut rattraper des erreurs, pas des opportunités manquées.

Alors puisque l'économie de ce monde tourne au divertissement...


Donnons au monde de quoi se divertir.
Ca commence calme. Un calme de tension. « Calme avec la tempête », dit l'expression. Un calme caché dans l'ombre, alors que sur le stream, on peut tout voir depuis son point de vue : voir alors qu'elle s'infiltre dans le complexe : Un site sécurisé de Sanders Engine. Un garage, oui, mais un garage pour un véhicule unique, pas même encore sorti officiellement. Un prototype de supercar produit par le géant de l'automobile. Un bijoux pensé, conçu et assemblé par les meilleurs. Alors naturellement... Protégé par les meilleurs, aussi.

Ça continue dans le calme, toujours plus tendu. Une ombre qui se faufile là où la lumière ne va pas, un mirage qui passe quand les hommes en arme ne regardent pas. Une installation aux airs d'entrepôt fermé transformé en petite forteresse, tant les gardes sont équipés, tant la sécurité est élevée. Elle sait où chercher les caméras, elle sait comment bouger pour éviter les rondes, elle Sait. Elle sait ce qu'elle fait, parce qu'elle a l'habitude. Parce que c'est une professionnelle... Ou presque. C'est une professionnelle, mais pas que. Aujourd'hui, elle est autre chose.

Today, she's Showtime.

Le calme se brise en deux fois. D'abord, la détonation quand son arme tire. Ensuite, l'explosion rouge quand la balle se loge entre les deux yeux du garde : les deux mêmes yeux qui s'étaient posés sur elle. Repérée plus tôt qu'elle ne l'aurait voulu, Sofia. Parce qu'elle voulait d'abord s'occuper du probable tracker sur la voiture, et Ensuite faire parler la poudre. Mais tout ne pouvait pas être si simple, non ?

Tout va vite, très vite, trop vite. Le silence relatif du site explose en une cacophonie d'alarmes, de communications radios et de pas lourds qui se déplacent entre les couloirs et chemins de sécurité. Elle est là, dans le grand entrepôt principal, et elle peut voir la voiture au centre. Un modèle sport couleur carbone, design agressif : le genre de voiture qui crie un prix à sept chiffres juste par sa carrosserie. Sofia voit l'objectif, mais surtout, Sofia voit les ombres se déplacer tout autour. Rapidement, les hommes en arme vont être sur elle. Alors elle doit penser vite, agir vite.

Sa vie ? La mission ? L'audimat ? L'ordre des priorités se confond dans sa tête.
Elle n'entend que les bottes de combat qui claquent contre le sol.
Elle ne voit que les silhouettes en tenue sombres.
Elle ne sent que le sang.
Elle ne goûte que l'adrénaline.
L'instinct prend le dessus, et guide ses gestes.

C'est flou, c'est rapide, c'est violent. Ça crache les balles, ça crache du sang, ça tombe au sol. Des corps qui trouvent le froid du sol, avant de trouver le froid du dernier souffle. Elle tire et elle bouge, se déplace de couverture en couverture, elle manœuvre pour ne pas finir encerclée. L'un s'approche, l'un est trop proche, et quand il essaie de la planter, elle dévie, elle sort sa propre lame, et elle perce la gorge. Une, deux, trois fois, elle perfore sous le menton à plusieurs reprises, quitte à ce que le rouge gicle : Pour que le rouge gicle. Le corps va pour tomber, mais elle le retient, et elle s'en sert de bouclier humain pour progresser sous tir nourri. Elle trouve une caisse de métal, elle jette le corps criblé de balles, elle s’accroupit. Ses mains tremblent. Elle a peur.

Parce qu'elle ne peut pas se permettre de mourir. Pas comme ça. Pas maintenant. Plus maintenant.
Parce que maintenant, il y a plus d'une seule vie au jeu, le jour où elle arrêtera de respirer.

Elle y pense. Elle panique. Sa respiration s'accélère. Elle grogne. Il y a une balle qui touche, et elle étouffe cri de douleur entre ses dents serrées. Elle ne pense plus à rien... Juste à survivre. Elle pourrait presque tout oublier, mais il y a la notification à son écran. De l'argent. Watcher. Elle voit, et elle pense aux chiffres. À ce qu'elle doit faire.
Sa main arrête de trembler.

Un regard. Les secondes passent, et elle bouge. Un tir, puis deux, quatre, huit. En rapide succession, elle tire sur les différentes lampes et sources de lumières environnantes. Ses yeux s'allument, et elle les voit : les silhouettes chaudes entres les murs et structures de métal froid. À la faveur des ténèbres, elle court, rapide, agile. La balle à son épaule la fait souffrir, mais elle n'a pas le temps de souffrir.

Trop de gardes, trop d'armes, trop de... Trop de raté. Elle n'aurait pas dû être repérée sitôt. Est-ce que la mission est morte dans l'œuf ? Peut-être. Pourtant, elle court. Jusqu'à quitter l'entrepôt, s'aventurer dans les couloirs, dans l'aile réservée au haut-personnel. Tout le monde a les yeux rivés sur l'entrepôt, alors même si les caméras voient où elle va, il est trop tard pour réagir avant qu'elle arrive devant la porte d'un certain bureau. Porte forcée, puis enfoncée, et il y a cet homme derrière son bureau, mains en l'air, un calme d'apparence sur ses traits, mais la peur au fond des yeux.

- Les clefs.
- Vous savez pas ce que vous faites, v-

Il parle, mais il voit l'arme se lever, il voit le laser rouge danser sur son visage avant de pointer sur son front.

- Les. Clefs.

Elle sait comment ils sont. Les rats de corpo ne sont pas prêts à mourir pour ce genre de chose. Elle le voit dans son regard. Dans la peur. Alors il va gentiment obéir. Oui ?

- Je ne crois pas.

Elle penche le visage. Elle ne comprend pas, sur le coup. Puis... Puis elle se dit que c'était trop facile, d'entrer ici. Puis elle remarque que l'homme en face ne la regarde pas exactement elle. Il regarde par-dessus son épaule.

Elle comprend juste assez vite pour que le coup de crosse frappe sa joue, plutôt que son crâne.
Juste assez vite pour voir l'homme derrière le bureau cherche dans un tiroir, précipité. Pour voir l'homme en uniforme derrière elle pointer son arme, alors qu'elle est tombée au sol.

Juste assez vite pour tirer avant lui.

Pour se relever. S'avancer, et pointer le canon de son arme sur le front de l'homme derrière son bureau. Elle le voit, la main dans le bureau ouvert, fermée sur l'arme qu'il n'a pas eu le temps de lever. Mais surtout... Elle voit une clé. La clé. La peinture sur ses traits déforme son sourire en quelque chose de mauvais.

- Tu vois quand tu veux.

Qu'elle lui dit avant que la balle parte.
Avant d'exploser un crâne de plus dans cette soirée sanglante.