INTRUDER

Police HQ, 21:47.

Le bureau de Rock était plongé dans une ambiance sombre et enfumée lorsque Reid passa devant son bureau. Enfilant sa veste, il s'apprêtait à quitter les lieux mais vit une faible lumière émaner encore de la pièce. Surpris, il ouvrit lentement la porte et y découvrit un Jason particulièrement absorbé derrière ses écrans:
- T'es pas encore parti ?
- Si, tu vois bien que j'me suis déjà barré... Lui rétorqua le brun d'une voix lointaine avec son humour acide habituel.
Loin de s'en offusquer, le jeune inspecteur aux longs cheveux s'approcha d'Ashfield et le vit faire tourner rapidement des extraits de caméras de sécurité, récupérés un peu partout en ville.
- Qu'est ce que tu fais ?

Finalement, Rock quitta ses écrans des yeux et s'enfonça au fond de son fauteuil pour détendre un peu son dos. Il tira une autre cigarette, qu'il alluma à l'aide de son zippo en argent, puis répondit d'une voix presque théâtrale en ouvrant grand les bras:
- Je pêche !
- Tu pêches ? Répéta le jeune policier en haussant les sourcils, dubitatif. Très bien. Amuse toi bien, je rentre chez moi ! Annonça t'il en quittant la pièce.

Envoies les extraits suivants, Mei... J'aimerais bien le trouver avant minuit...
Il est déja presque 22 heures ! J'ai la dalle, moi ! En plus, c'est à toi de cuisiner ce soir !
Alors dépêches toi d'envoyer les images... Rétorqua le brun avec une certaine lassitude via sa biopuce.

La jeune Ling étouffa un juron et envoya de nouvelles images sur les écrans de Rock, qui était à la recherche d'un témoin ayant pris la tangente. Clope aux lèvres, il passa d'une séquence à l'autre, d'un écran à l'autre, à la recherche du blondinet en question.
J'te préviens, c'est le dernier pour ce soir ! Après ça, on rentre !
- Oué, oué... marmonna Rock, le coude posé sur son bureau, et son visage appuyé sur sa main.

Soudain, alors qu'il allait passer à la séquence suivante, son doigt s'immobilisa aussi de la touche du clavier.
Minute ! Je crois que j'le tiens ! J't'envoie les images, dis moi où se tenait cette caméra et tâches de le suivre à la trace ! J'te rejoins dans ton bureau de suite.

Le brun enfila sa veste et se mit à courir à travers les couloirs pour rejoindre le bureau de Mei qui se tenait un peu plus loin au même étage. Il entra aussitôt sans s'annoncer, cigarette aux lèvres, en ignorant royalement le gros panneau "interdiction de fumer" que Mei avait pourtant fait placer spécialement pour Jason. Mais en voyant que ça n'avait aucun impact sur lui, elle avait abandonné...
Jason se pencha au dessus de son épaule, et la jeune femme se crispa aussitôt en fronçant du nez:
- Alors, ça donne quoi ?
Immédiatement, elle attrapa sa cigarette qu'elle écrasa dans le cendrier présent sur son bureau, et qu'elle utilisait uniquement pour écraser les cigarettes de son ami.
- J'ai dit "pas dans mon bureau", Jason !

Elle tapota à nouveau en alternant de caméra en caméra, suivant aisément le chemin du jeune inconnu. Rock demeura silencieux. Il avait l'habitude: l'informatique était le domaine de Mei, elle faisait des tours de magie avec ses doigts de fée, et de son côté, il s'en servait sur le terrain.
Une poignée de minutes s'écoulèrent avant que finalement:
- T'as de la chance... Il a été repéré récemment près du Madonna.
- Du quoi ?
- Un bar de seconde zone situé dans le Strip. D'après les caméras, il est arrivé il y a très peu de temps, alors tu devrais pouvoir...
- Ok, j'fonce ! Envoie moi l'adresse ! Lança le brun alors qu'il quittait déjà le bureau à toute vitesse.
- Mais... Et notre dîner, alors ?!
Trop tard... Il avait déjà disparu.
- Moh ! Hurla t'elle, visiblement agacée.

Bar Madonna, 22:14.

Cigarette aux lèvres, Jason observa les néons clignotants de la façade du Madonna. Il avait de toute évidence connu des jours meilleurs. Il entra franchement, à la manière d'un bogart dans un de ces vieux films. Dès les premières secondes, son oeil affûté repéra sa cible, mais il prit la décision de ne pas l'approcher directement. Il vit alors une serveuse à l'uniforme plutôt léger, et aux moeurs certainement similaires, s'approcher de lui avec un sourire un peu coquin:
- Salut mon mignon ! T'es nouveau au Madonna, toi, non ? T'es là pour boire, ou pour dîner ?
- Non, je suis là pour acheter, répondit aussitôt Rock en tirant un billet coincé entre son annulaire et son majeur qu'il leva à mi hauteur.

Quelques minutes plus tard...

Assis à une table un peu à l'écart, Jason patienta en attendant le verre qu'il avait commandé à Bambi une bière. Il l'observa s'approcher de Billy, lui passer le message, et comme prévu le blond s'approcha de lui d'un pas certes prudent mais tout de même de bonne volonté.
- Alors, qu’est-ce que j’peux faire pour toi?
Rock le fixa quelques instants, avant de prendre la parole à son tour:
- Tu es Billy, n'est ce pas ? Billy Ritcher ? Pas de panique, je veux simplement discuter...
En guise de  bonne volonté, il tira son insigne de sa poche intérieure, et lui montra rapidement:
- Police, mon grand. Mais je ne suis pas là pour toi. Je suis là parce que tu te trouvais au bon endroit au bon moment, et que tu pourrais nous aider dans notre enquête, grâce à ton témoignage.

INTRUDER

Alors que le Blond s'installait, Rock se recula nonchalamment au fond de sa chaise et leva un pied qu'il appuya contre la table, position étrange et un peu trop décontractée pour un lieu public. Surtout du point de vue des jumelles, que le geste agaça lorsqu'elles le virent du coin de l'oeil.
Lisant aisément la nervosité de Billy sur les traits de son visage, il dégaina son insigne tout en se préparant à utiliser son joker si jamais il lui faisait suffisamment peur pour le forcer à dégainer.

La main du blond disparut sous la table, et Rock crut qu'il allait devoir agir, mettant fin ainsi à leur interrogatoire de façon un peu trop prématurée. Son pied n'était pas placé là par hasard: à la moindre alerte, il pousserait la table qui se renverserait sur le jeune Billy, mettant fin à toute tentative d'action hostile à son encontre.

Mais l'insigne qu'il dégaina fit paniquer Billy, et ramena ses deux mains sur la table, sous les yeux du policier.
- Je m'assure de ton attention... rétorqua t'il avec un calme impressionnant, compte tenu de la situation qu'il venait de désamorcer.
Un léger sourire amusé ourla ses lèvres lorsque le gamin affirma avoir le coeur fragile.
- Quel dommage ! Répondit Jason en se levant à son tour. Et moi qui avais commandé une bière... Mets la sur ton ardoise. Tu diras à Bambi qu'elle t'en doit une, la prochaine fois que tu viendras ici, murmura t'il en suivant Billy, mains dans les poches.

Tous deux sortirent à l'extérieur où une très légère pluie avait commencé à tomber sur Lumopolis.
- C’était franchement pas la peine de faire ton cinéma à l’intérieur, officier. Tu dois être au courant que ton espèce n'est pas très appréciée dans le secteur…
- Voila qui me brise le coeur, répondit il avec un cynisme suintant. Moi qui voulais postuler comme serveuse...
Ce n'était peut être pas la peine d'agir ainsi, mais il était certain qu'en agissant de cette manière, il obtiendrait toute son attention et le ferait réagir. C'était là tout ce qui comptait, pour lui.

Jason haussa un sourcil lors qu'il affirma se garder le droit de refuser de balancer quelqu'un. Ce type était de toute évidence un trouillard. Le brun expira sa fumée en observant les lieux de la ruelle choisie par son témoin, puis:
- Ca y est ? C'est assez... "tranquille" pour toi ? Demanda t'il alors. Bon, assez rigolé, tu sais parfaitement pourquoi je suis là, lui dit il en prenant soudain une voix plus dure, plus autoritaire, aussi. L'accident de voiture qui a eu lieu près de Summerlin Park, il y a trois jours. Le gamin fauché par un chauffard. Tu y étais. Pas la peine de nier. Tu étais très près quand c'est arrivé. Tu as vu le chauffeur. J'en suis sûr !

Jason saisît sa clope entre ses doigts et expira une nouvelle fois, avant d'ajouter:
- Ne me fais pas perdre mon temps, gamin. Donne moi une description de l'assassin. Si je ne l'arrête pas, le prochain qu'il fauchera pourrait bien être toi...

INTRUDER

Un soupçon d'incertitude, une grosse cuillérée d'arrogance, et une pincée de peur.

Jason n'avait rien du profil d'un flic ordinaire. Il avait connu l'enfer des combats, et cela se sentait. Que ce soit au fond de ses yeux trop vides ou bien au creux de ses paroles un peu trop dures, parfois, il avait beaucoup plus le profil d'un agent de terrain qu'autre chose. Et de façon naturelle, il avait tendance à imposer un certain respect, même si ce n'était pas toujours via des méthodes conventionnelles.
- T’aurais pas eu le job de toute manière, la patronne préfère les jolies filles.
Hochant la tête avec un air amusé comme s'il avait l'air désolé d'apprendre ça, Rock s'avança et la discussion sérieuse démarra.

Et dès l'instant où il annonça que le gosse était mort, la faible vitrine d'assurance que s'octroyait Billy sembla voler en éclats:
- Le petit… Il est mort?
- A ton avis, grand chef ? Tu as déjà essayé d'encaisser une voiture roulant à 90 avec le corps d'un môme de 13 ans ? Il est décédé en arrivant à l'hopital, quelques dizaines de minutes plus tard, ajouta t'il après une légère pause.

Il sentait déjà la gestuelle du jeune Ritcher se modifier, se chercher une porte de sortie. Mais il n'avait pas l'intention de le laisser partir avant de lui avoir dit ce qu'il voulait savoir.
- Qu’est-ce qu’il vous fait dire que j’ai vu quoi que ce soit… C’était trop rapide.
- Les caméras de la ville font des miracles, pour peu que tu connaisses un magicien. Et il se trouve que JE connais quelqu'un possédant des doigts de fée.

C'est moi qui ai des doigts de fée ?! Demanda aussitôt Mei, visiblement intéressée.
Pas maintenant, Mei...

Mal à l'aise, le blond tenta de se défendre mais c'était inutile:
- Je n’ai rien vu à part ce gamin qui se vidait de son sang…
- Au contraire, tu as tout vu...
Jason tira une série de clichés de sa poche, et en montra un au jeune Ritcher: sur cette photo, extraite d'une caméra de surveillance, on le voyait agenouillé près du gamin percuté, et fixant la voiture à l'instant où elle s'éloignait. Il lui montra un second tirage, datant de quelques secondes plus tôt, juste après qu'il se soit agenouillé. La voiture était en train de faire demi tour dans la ruelle, et lui appelait à l'aide. Et enfin, un troisième tirage le montrait fixant la voiture à l'instant précis où elle était repassée près d'eux, après avoir fait demi tour. A ce moment là, Billy avait fixé droit dans la direction du chauffeur qui ne pouvait malheureusement pas être vu sur l'extrait vidéo, même après de multiples retouches.
- Est ce que ça te rafraîchit la mémoire, à présent ?

Il s'avança d'un pas, et lui tendit les photos en les posant contre son torse, pour le forcer à les regarder:
- Ne me fais pas perdre mon temps, gamin. Je n'ai pas envie d'être là et tu n'as pas non plus envie que j'y sois. Mais ce type a tué un gosse de 13 ans et il est en fuite pour d'autres forfaits. Il ne va pas s'arrêter là. Donne moi ce que je veux savoir. Une description, sa plaque, un détail dans sa voiture qui t'a frappé et qui pourrait me conduire jusqu'à lui ? N'importe quoi... Mais ne me dis pas que tu n'as rien vu... Parce que je ne te croirai pas...

INTRUDER

En apparence, il était facile de comprendre pourquoi les gens surnommaient Jason "Rock". Froid, dur, renfermé, ne faisant preuve que très rarement d'empathie et encore plus rarement de pitié, il ressemblait davantage à un tueur traquant sa proie. Sur son visage impassible, on ne pouvait lire que ce qu'il voulait bien qu'on y lise. Difficile alors, dans de telles circonstances, d'apprécier quelqu'un comme Jason.
- Tu comprends pas… J’peux pas simplement te donner son nom. C’est lui qui…
- C'est lui qui quoi, Billy ? Murmura le brun avec une voix immédiatement moins agressive, et plus douce.

Le blond semblait combattre ses démons intérieurs. Quelque chose l'empêchait de lui donner son nom, et ça ne semblait pas lié à un caprice de petite frappe, ce qui attira aussitôt l'attention de l'inspecteur.
- Si j’te donne son nom, j’balance le ‘doc qui m’a fait ça. Et, tu t’doutes bien qu’il a pas aidé que moi…
Le regard d'Ashfield s'écarquilla après cette phrase. Il demeura silencieux quelques instants, puis:
- C'est donc un charcudoc qui a fait ça...

Mei, Commence à me compiler tout ce qu'on a sur les charcudocs de la ville, officiels ou officieux.

Il soupira, puis fit quelques pas dans l'allée tout en réfléchissant. Après quoi, il se tourna vers le jeune Ritcher, et s'adressa à nouveau à lui:
- D'accord, Billy. Voilà ce qu'on va faire. Notre entretien et tout ce qui s'y réfère sera effacé des rapports. Je ferai en sorte qu'il ait été trouvé autrement. Donne moi juste son nom, et je veillerai à ce que tu ne sois pas impliqué dans tout ça.

Rock avait déjà eu des méthodes parfois limites. Et se salir les mains ne lui posait pas de problème, non plus. S'il devait l'éliminer lui même, il s'en occuperait sans problème. Mais il ne laisserait pas un tueur d'enfants en liberté dans Lumopolis...
- Ca te convient ?

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- Non… Non, ça ne me convient pas. Mais est-ce que j’ai le choix?
- On a toujours le choix. Le plus dur est d'en assumer les conséquences, derrière...

Le brun tira une cigarette, et c'est alors qu'il levait son zippo pour l'allumer que son attention fut attirée par les propos du jeune Billy:
- On finira quand même par me tomber dessus tôt ou tard, on nous a vu. Ils ne savent peut-être pas encore qui tu es, mais ils le déduiront.
- "Ils", huh ?
Une ébauche de plan commençait déjà à naître dans l'esprit de Rock. Le genre de plan que le blond n'apprécierait pas. Pas du tout, même...
- J’vais te donner son nom, mais tu vas aussi devoir faire quelque chose pour moi.
- J'écoute... lui dit il simplement, visiblement ouvert à la négociation.

Leur conversation fut soudain interrompue par une des jeunes femmes avec qui le jeune Ritcher discutait quand Jason est entré dans le bar. Il haussa les sourcils en comprenant qu'elle le prenait pour un client, un léger sourire goguenard ourlant ses lèvres. Mais leur échange fut trop rapide, il ne répondit rien dans un premier temps:
- Sur une échelle de un à cinq, il est dans la merde à quel niveau?
- Mal!
- Quoi? C’est bien un keuf, nan? Alors. Vous allez l’embarquer?
-  Je ne suis pas là pour lui, répondit enfin le brun, mains dans les poches tout en observant la nouvelle venue.

De toute évidence, c'était une amie à lui. Elle se faisait beaucoup de souci à son sujet.
- Mais il sait s’montrer utile. Ce s’rait vraiment dommage qu’il lui arrive quelque chose. On peut peut-être s’arranger? »
Une nouvelle fois, Ashfield haussa les sourcils. Elle était mignonne, et  très sexy. Il ne pouvait pas lui ôter ces réalités. Mais il n'était pas là pour obtenir des faveurs sexuelles en échange de la sécurité de Billy. D'ailleurs, ce dernier s'interposa aussitôt, démontrant qu'il n'avait pas l'intention de les laisser faire sans réagir. Il ne pouvait pas le blâmer, il agirait exactement pareil si Mei était à la place de Malorie.
- L’écoute pas.

Il lui expliqua ce qu'il attendait de lui, et l'inspecteur décrocha assez vite. Il n'était pas transporteur, et il n'avait pas l'intention de faire ce genre de travail louche et mal payé.
- Et si on s'arrangeait pour piéger ceux qui doivent venir te chercher ?
Tuer un groupe de mercenaires, jeunes, et mal entraînés, était largement dans les cordes de Rock. En fait, il préférait largement dégommer la menace planant sur Billy plutôt que d'avoir à transporter des marchandises dont il ignorait la provenance et la nature.
- Tu sers d'appât. Et je veillerai à ce qu'ils ne soient plus en état de recommencer.

Ses paroles trahissaient un certain cynisme. Il parlait très clairement et de façon à peine détournée d'assassinats, purs et simples.
- Qu'est ce que tu en penses ? Ajouta t'il à l'intention de Malorie, en haussant légèrement la voix pour qu'elle l'entende.

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Ces deux là étaient proches. Difficile de déterminer quelle était leur relation, mais ils rampaient dans la même merde, ensemble. C'était facile à ressentir. Ne serait ce que par la façon dont chacun d'entre eux prenait la défense de l'autre. Rock avait déjà connu ça, à une époque lointaine. Avant de devenir un flic solitaire et misanthrope. Avant d'avoir perdu foi en l'humanité...
- Merci, c’est gentil, mais j’pense pas avoir besoin d’un garde du corps. J’peux m’en charger seul.
Le brun plissa des yeux devant une telle phrase qui l'agaça particulièrement, même s'il n'en montra rien ouvertement.

Il se contenta d'observer le duo alors que son regard perçant détaillait le visage de Malorie, menton posé sur l'épaule de Billy. Tous les deux, c'était un peu le jour et la nuit, un chaton et une panthère sauvage. En tout cas, c'est ce que Jason ne put s'empêcher de penser, à cet instant.
- T’as pas l’regard d’un type qui s’en priverait. Si tu veux un nom, trouves quelqu’un et force lui la main.
- C'est vrai... je pourrais... Pourtant, je ne l'ai toujours pas fait et je t'ai même offert mon aide en échange de ce que je veux.
- Et en plus d’un nom, si c'est pas suffisant, t’auras qu’à baiser cette cinglée. Mais j’serais toi… J’m’y tenterai pas…
Ashfield pencha la tête pour mater Malorie sans retenue, mais il répondit presqu'aussitôt:
- C'est gentil, mais je ne suis pas du genre à forcer ce genre de rapports, même si je suis certain que ça aurait été très agréable en d'autres circonstances, ajouta t'il en guise de compliment en hochant la tête dans sa direction l'espace d'un instant.
- Ou si c’est plus ton style, j’suis sûr que Bambi se fera une joie d’prendre ma place. Tu lui as vraiment tapé dans l’oeil.

A ces mots, le brun ne put réfréner une certaine grimace: les milf n'étaient clairement pas son style.
- Non, merci, ça ira... Je veux juste mon information. Et si tu peux te charger seul de ces types, alors ce ne sera pas un problème pour toi, dans ce cas... Donne moi son nom, Billy, ordonna t'il d'un ton qui avait à nouveau changé pour redevenir plus dur, et plus sombre.
Mais la résistance du jeune homme à parler, et sa mauvaise idée de surnommer "garde du corps" le policier avait modifié son approche. Sa bonne humeur dûe à l'apparition d'une jolie femme s'était volatilisée. Et ils ne tardèrent pas à le constater...

Marchant lentement en direction du blond, Jason soupira lassivement:
- Billy... Billy, Billy... Tu pousses un peu trop ta chance...
Il le saisît soudain avec une rapidité surprenante et le plaqua contre le mur le plus proche tout en dégainant l'arme du blond. Aussitôt, Malorie dégaina son couteau mais Jason pointa l'arme vers elle à une vitesse effrayante:
- Non ! Lui dit il, simplement en la fixant les yeux dans les yeux. Pose ton arme à terre... Et recule de trois pas.
Une fois qu'elle se fut exécutée, il pointa l'arme sous la carotide de Billy, et se pencha au dessus de lui:
- Je crois qu'on ne s'est pas bien compris: je ne suis pas un vieux fonctionnaire rabougri qui fait ce métier depuis 20 ans et qui est corrompu jusqu'à l'os. Quand je veux une réponse, je l'obtiens. Je ne suis ni un garçon livreur, ni un garde du corps. Mais provoque moi encore comme tu l'as fait, et je ferai un rapport sur le fait que tu portes une arme dans l'enceinte de la ville. Ca te rafraîchira les idées, pas vrai Billy ?

Avec son mètre 82, Jason était un poil plus grand que le jeune homme. Pourtant, une aura dangereuse émanait de lui. Mieux valait ne pas le contrarier. Il ressemblait davantage à un tueur qu'à un flic. Après avoir mis les choses au clair, le brun rangea directement l'arme de Billy dans son fourreau, puis:
- Alors, maintenant, pour la dernière fois... Son nom ?

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Un regard glacial, et vide, se tourna en direction de Malorie lorsqu'elle l'insulta, affirmant que tout cela l'amusait. Mais à bien y regarder, si c'était réellement la tête qu'il avait dû tirer dans de telles circonstances, c'était qu'il avait un sérieux problème...

Des médicaments pour sa soeur... Toute suite, les choses sont très différentes, et le point de vue du brun se modifia à nouveau. Son oeil azuré se tourna en direction de Billy, qui rendait littéralement les armes, visiblement secoué par la démonstration de force de Jason, quelques secondes plus tôt.
Ils le détestaient. Non, ils le haïssaient. Mais il y était habitué. Il n'avait jamais cherché à être compris. Il était venu ici pour une raison précise, et il n'en repartirait pas avant d'avoir ce qu'il voulait. La résistance, bien que tout à son honneur, de Billy, n'avait fait que compliquer les choses et forcé Rock à dévoiler qu'il pouvait se révéler dangereux si la situation s'avérait nécessaire. Le reste, n'était qu'un simple enchaînement de refus de communiquer, d'un côté comme de l'autre.

Etre compris par des gens comme Billy ou Malorie ne l'intéressait pas. Qu'ils le détestent si cela pouvait les aider à dormir. Il avait offert son aide, et elle avait été refusée. Fin de l'histoire.
- Bartholomew Plunkett ? Entendu...
Il entendit alors la demande du jeune homme et pensa que c'était tout à fait acceptable.
- D'accord. Je ne la contacterai pas.
Il tira une petite carte sur laquelle son nom d'inspecteur et ses coordonnées étaient indiquées et la glissa dans la poche de devant du blond:
- Je reviens sur ce que j'ai dit, tout à l'heure. J'accepte ta demande. Si quelque chose t'arrive, fais en sorte que les médicaments arrivent jusqu'à moi. Tu me trouveras facilement grâce à ça, ajouta t'il en tapotant sa poche. Quant à tes amis... Ma foi, c'est ta décision... Mais tu sais où me trouver, à présent...

Il fit demi tour et en passant près de Malorie, il hocha simplement la tête, mains dans les poches, cigarette aux lèvres.
- Au revoir, Mal'. Désolé pour tout à l'heure. Mais la vérité, c'est que je n'avais pas l'intention de tirer... murmura t'il, trop bas pour que son jeune ami l'entende.

Tu étais à l'écoute, je parie, n'est ce pas ? Alors, Bartholomew Plunkett, ça te dit quelque chose ? Trouve nous tout ce que tu peux sur ce type d'ici à ce que je revienne.
Tu rêves, Jason ! Je suis déjà rentrée chez moi et j'ai commandé à manger !
Ah, excellente idée, ça ! J'te rej...
Je n'ai rien pris pour toi !

Le brun soupira longuement en regagnant sa voiture. Mei allait bouder pour le reste de la soirée, c'était couru d'avance...
- "J'ai rien pris pour toi", bonjour l'ambiance... murmura t'il en imitant une Mei grommelante.