Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l’emplit d’un désir éternel et coupable.
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l’Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l’Ennui, profondes et désertes,
Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l’appareil sanglant de la Destruction !
» Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal ; La Destruction
[ engravings ] Il est propre d’aimer sa progéniture, de la souhaiter, de l’éduquer. Ce n’est pas ton cas Maeve. Tu n’étais pas désiré, ni par tes parents, ni par l’orphelinat où tu entreras à la naissance. Tu ne connaîtras dès lors que ses surveillants et professeurs, jamais ceux qui un jour t’ont mis au monde. Tout ce qu’ils te laisseront c’est un prénom et un nom de famille ; aucune photo, aucun désir de te revoir un jour.
[ dollhouse ] C’est à tes trois ans, très tôt, que tu te fais adopter. Loin d’imaginer ou de comprendre ce qu’est la vie de famille, tu n’es pas perturbée lorsque des femmes différentes viennent s’occuper de toi, ni quand l’on te donne une chambre dans laquelle tu restes la plupart du temps. Tu rencontres les autres enfants, fais connaissance, te fais très rapidement des amis.
[ smother ] Dix ans. Tout est normal pour toi. Ta vie est rythmée par ta chambre, les repas, les cours et les entraînements physiques. Tu apprends à manier les armes, tu apprends à parler en société et en toute circonstances ; et tu es très forte à ça. Les professeurs te félicitent, tu comprends vite et souvent tu es récompensée.
[ the devil is human ] Douze ans. Un nouveau professeur est entré en jeu, l’un de ceux qui, malgré tes efforts constants et tes résultats plus qu’impressionnants, ne te prête aucune attention. Et ça devient un peu ton obsession de réussir à avoir ses éloges. Tu l’avais déjà croisé avant, comme élève, tu aimerais donc évidemment qu’il te reconnaisse pour le peu de fois où tu l’as remarqué. Tu gardes son nom en tête, tu le prononces du bout des lèvres.
Wade Barret.[ animal ] Sonne la cloche de tes vingts ans ; sonne les dernières épreuves pour obtenir grâce des dirigeants de l'organisme. Tu manies les armes à la perfection, les couteaux glissent entre tes mains comme les serpents étouffent leurs proies et ta force mentale est à toute épreuve. Sauf une. Wade.
[ shadow preacher ] Il t'est demandé comme dernière preuve de force de réaliser une mission importante en duo. Avec lui. Tu n’as pas le choix, quand bien même tu aurais accepté. L’occasion est trop bonne pour la manquer. C’est aujourd’hui ou jamais. Vous jouez un couple, vous devez charmer, vous devez tuer.
Et c’est là où tout change, là où tu réalises ; et aussitôt sont-ils compris que tu les as avoués. La voix monotone, l'honnêteté ancrée, tu lui dis l’aimer. Et c’est pire que ça. Il t’obsède. Obtenir ses félicitations t’obsède. Son regard sur toi te hante. Les mots qu’ils te prononcent sont un délicieux poison. Son jeu d’acteur est une utopie que tu rêves de vivre.
[ alone / with you ] Wade, sans réponse à tes sentiments, te prendra en charge. Sortie de l’internat de l’organisation, tu travailles désormais officiellement pour elle ; vivant sous le toit de ton ancien professeur. Très rapidement il t'offrira le seul cadeau que tu auras de lui, un collier indiquant ta position à tout instant. Tu ne connais rien à l’amour, tu apprécies et chérie alors le bijou. Il te met en garde, l’enlever pourrait te tuer. Tu ne tenteras pas le diable.