Les yeux levés vers le ciel, un oiseau passe. Il vole dans cet étendu bleu, passe dans les morceaux de coton blanc comme s’ils n’existaient pas. C’est beau. Si un jour tu devais renaître, tu aimerais être un oiseau. Tout serait si simple. Tu pourrais goûter à la liberté, la vraie.

Tu as toujours voulu devenir une femme forte. Comme ta mère. Elle n’a jamais abandonné. Pas même quand ton père vous a laissé tomber. Elle ne t’a jamais menti sur son départ. Il voulait juste un héritier pour Shelby Motors, mais n’a eu que des filles. Pour lui, ta grande sœur et toi n’aviez aucun intérêt. Alors tu as toujours grandi en le détestant de tout ton être. En y réfléchissant, c’était bien plus facile de le détester. Pourquoi essayer d’apprendre à le connaître alors qu’il n’avait même pas cherché à t’élever.

Avec cette haine profonde en toi, tu as toujours voulu devenir l’héritière parfaite pour les Shelby. Tu étais cette petite fille modèle que tout le monde voulait avoir. Tu te refusais tout ce qui paraissait amusant à tes yeux. Ta mère le voyait bien mais ne savait pas quoi faire pour t’empêcher de t’obliger à ne pas profiter de ton enfance. Tu voulais tant qu’il regrette son choix. Oubliant totalement qu’il pouvait totalement s’en ficher. Puis, quand tu as eu onze ans, tu t’es rendue dans un skatepark près du collège. Observant ces garçons de ton âge qui s’amusaient à faire des figures et riaient même s’ils tombaient. Jusqu’au jour où l'un d’entre eux t'a approché et t’as demandé si tu voulais essayer. Tu avais des étoiles dans les yeux, et alors que tu roulais sur cette planche et chutas d’un coup, tu compris que ça ne servait à rien. Tu ne voulais pas être comme ça. Tu voulais faire ce que tu voulais, être libre.

Plus tu grandissais, plus tu étais satisfaite de la personne que tu devenais. Tu t’étais prise de passion pour la chanson et les gens qui t’écoutaient te félicitaient et te complimentaient. Tes compétences en skate étaient bien meilleures qu’avant et tu n’utilisais presque que ça pour te rendre quelque part. Tu aimais cette sensation, rouler tout en sentant le vent passer sur ton corps. Pourtant, tu continuais d’être irréprochable aux yeux de ta famille, car tu t’étais toi-même appris à être comme ça. Tu voulais que ta mère soit fière de toi. Que ton père regrette. Et il a regretté. Alors tu avais seize ans, tu vis son visage pour la première fois. Il disait qu’il suivait ton avancée de son côté et qu’il était fier de toi, qu’il voulait nouer des liens avec sa fille. Tu voulais y croire, tu aurais aimé y croire. Mais tu voyais qu’il n’était pas sincère. Qu’il ne voyait en toi qu’un prodige dont il pouvait se servir pour la notoriété des Shelby. Alors tu pris la lourde décision de refuser. Tu avais mal, si seulement il avait été sincère.

Le lycée c’était fini. Adieu les cours, tu ne voulais pas continuer tes études. Tu cherchais toujours à avoir plus de liberté. Un soir alors tu traînais dans un bar avec des amis, tu te mis à chanter et à attirer l’attention. Le patron, attiré par ta voix, te proposa de travailler chez lui en tant que chanteuse et serveuse. Tu acceptas la proposition sans même y réfléchir, bien trop tentée par l’expérience. Et tu t’y plaisais, tu gagnais ta vie sans trop de soucis. Alors tu pris la décision de prendre ton indépendance. Et puis D-Vice est arrivé. Tu voyais en ce jeu la possibilité de pouvoir te faire encore plus d’argent et d’avoir de quoi grimper les échelons en tant que chanteuse.

Pourtant, ça ne suffisait pas. Tu voulais te sentir encore plus libre.