Sous TW brouillé : ptit acte violent

1. Il a été élevé par son père, artiste (maman ? addicte).
2. Il vit sous l'œil du public en tant que « Sujet A. » : projet interdisciplinaire documentaire post-éco-fataliste de son père, nul autre que Paul Yuan. En tant « qu’héritier de la catastrophe », A. est l’icône d’une génération perdue qui vit malgré tout. Concrètement, cela engageait des caméras dans chaque recoin de la maison et l’apprentissage de poèmes absurdes ou guerriers à réciter en jouant très naturellement avec ses dinosaures et what not.
3. Il vit confortablement : les grands penseurs se réunissent dans le salon décoré selon les dernières tendances et abreuvent A. de philosophies et de jolis mots ; les vieux pervers lui répètent qu'il est l'enfant du siècle, l'être le plus passionnant de cette ère. Ambrose les déteste, il ne sait pas pourquoi à l’époque, maintenant oui.
4. À l’adolescence, il est quelque chose comme une vedette pour un petit milieu artistique soi-disant avant-garde. On attend de grandes choses de lui, ou plutôt des prochaines expos de son père.
5. Ambrose s’éveille lui-même à l’art, loin du numérique. C’est la peinture, le dessin et les performances éphémères qui l’interpellent. Il commence à fréquenter quelques artistes marginaux.
6. À son 18e anniversaire, il fait capoter une performance de son père en live stream. Les pauvres cons crient au génie. Ambrose disparaît des caméras de Paul Yuan.
7. Il trouve refuge parmi ses amis : des artistes, des bandes queers, des performeur-euse-s burlesques et des escortes. Il les peint, iels lui apprennent la vie, la vraie.
8. Il délaisse ses pinceaux et entreprend des activités plus lucratives. Son corps, gagne-pain, à nouveau au centre de l’attention -- à la différence cette fois-ci que c’est lui qui décide de l’exposer aux yeux et aux mains des autres. Et il aime ça. Il trouve ça beau. Empouvoirement.
9. Entrepreneurship. Ses services s’élèvent dans la société et ses tarifs augmentent aussi. Retour chez les riches. Il ne garde plus que quelques client-e-s bien choisi-e-s pour leur portefeuille. « A. » retrouve les siens.
10. Une erreur. Une erreur grossière. Avec Lui, il télécharge D-Vice. Parce que ce serait amusant. Parce que ça pourrait pimenter leur soirée. Ambrose player, Lui, Watcher.
11. Une autre fois, sobre, il consulte à nouveau l’application. Il n’y a pas d’autres sentiments que l’horreur qui grimpe en lui en voyant s’afficher le défi, en réalisant que les caméras sont encore là, partout, qu’il est à la merci, again, d’une volonté autre.
12. Colère. Peur. Colère. Il ne pense pas. N’a bien sûr pas pris en compte le règlement quand il a touché à l’application la première fois - high as a kite. Il parle. Prévient les autres, les gens du métier. « Don’t do it si un client demande de télécharger D-Vice. I kid you not. Don’t fucking do it. »
13. Prisonnier.

Ambrose bout de rage. Contre sa propre bêtise ? À peine. Non. Il est en colère contre ces riches et puissants qui peuvent faire tout ce qu’ils veulent d’eux. À leur merci. Pour leur propre divertissement. Il les hait. Il les déteste. Alors il grève. Grève parce qu’il ne supporte plus de les voir, ses clients, ces salauds, grève parce qu’il soupçonne qu’ils sont aussi des Watcher (comme Lui), grève parce qu’il sait qu’il n’a probablement aucun autre moyen de s’en sortir.
Qu’ils le sortent de là.
Oh don’t play dumb you asshole, you know exactly what I’m talking about.
Qu’ils le sortent de là et se confrontent un peu à leur humanité
il les fera voir.