Pendant un moment, tu te demandais ce qui t’avait mené jusqu’ici. Était-ce simplement le destin ? Ou une simple succession d’événements ? En y repensant, il y a des choses que tu aurais peut-être fait autrement, laisser à ton frère un moyen de te joindre par exemple. Parfois, tu en viens à espérer que cela puisse être possible, de pouvoir réellement changer le passé, mais tu avais compris très jeune déjà que la vie ce n’était pas une partie de plaisir.
Première partie : Léo
Ta naissance chez le couple Abberline était considérée comme étant une bénédiction. Allez savoir pourquoi. Ils n’avaient pourtant pas eu de difficultés à t’avoir. Peut-être était-ce simplement la naissance d’un enfant qui faisait de ce moment un grand événement. Honnêtement, tu n’aurais jamais pu penser qu’un jour tout ce bonheur que l’on te donnait puisse disparaître. Tu n’étais qu’une gamine, tu ne pouvais que penser comme ça. Vous étiez une famille comblée, des parents qui s’aiment, une fille adorable et joyeuse. Tout a commencé à partir en couille quand ta mère a commis cette simple erreur : l’infidélité.
Tu étais trop jeune pour comprendre ce qu’il se passait réellement. Mais, à partir de ce moment, ta famille n’était plus celle que tu aimais tant. Lorsque l’erreur de ta mère mit au monde un deuxième enfant, tu ne réfléchissais pas. Ton père te répétait sans cesse qu’il n’était que ton demi-frère, toi, tu ne voyais pas l’intérêt de penser qu’il n’était qu’à moitié ton frère. Tu l’aimais, avant même qu’il ne vienne au monde, tu aimais ce petit être qui allait devenir le soleil de ta vie. Et, en te rappelant de ton enfance chaotique, tu te souvenais que les seuls moments qui te rendaient heureuse étaient ceux où tu l’appelais par son prénom avec un grand sourire : Léo.
Deuxième partie : Cauchemar éveillé
Si l’arrivée de ton petit frère dans ta vie était un signe du destin à tes yeux, il était aussi signe de malheur pour ton père. La présence de cet enfant illégitime le dérangeait. Mais ce qui le dérangeait le plus était le fait que tu acceptais qu’il soit là. Il ne voulait pas ça. C’était comme si ce petit être lui volait sa famille, son quotidien, sa vie entière. Il ne pouvait pas le considérer comme son fils, car ce n’était pas le cas. Alors, il s’est réfugié dans l’alcool. Et tu n’avais d’autre choix que de l’observer sombrer dans ses vices, devenant de plus en plus violent autant verbalement que physiquement avec ta mère. Tu avais donc pris la décision de protéger Léo, car il ne devait pas s’en vouloir. Il n’était coupable de rien. Alors, la plupart du temps, quand il devenait violent, tu t’enfermais avec lui dans sa chambre et lui chantais une musique pour le calmer et couvrir les cris de douleur de ta mère. Tu n’avais aucune idée de si cela fonctionnait vraiment, mais cela te rassurait aussi, alors tu ne voulais pas t’arrêter. Au fil du temps, tu avais fini par simplement mettre cette même musique sur ton MP3 et partager tes écouteurs avec lui pour vous endormir. Encore aujourd’hui, tu adores chantonner le simple refrain de Stand By Me peu importe ce que tu fais.
En grandissant, bien trop concernée par ta situation familiale et malgré tes notes presque parfaites, ton comportement à l’école laissait bien trop à désirer. Froide, solitaire, parfois violente autant verbalement que physiquement, tu as fini par changer deux fois de collège et trois fois de lycée. Mais le troisième n’a pas tenu à te garder. Ta mère venait à se demander ce qu’elle allait faire de toi, tandis que tu tenais à ne pas continuer l’école. Ça ne t’intéressait pas. À tes yeux, tu n’avais pas d’avenir, rien… Le seul qui te faisait rester dans ce monde pourri jusqu’à la moelle était Léo. Car il pouvait avoir cette chance d’avoir un avenir et parce que tu voulais le lui donner. Tu voulais le voir heureux, tout simplement. Mais tes rêves allaient s’effondrer bien vite. Car un soir, tu n’as pas été assez vite. Car il a fini par entendre les violences physiques de ton père qui devenaient de plus en plus fortes, pouvant probablement aller jusqu’à porter atteinte à la vie de votre mère. Car il avait l’espoir de pouvoir empêcher tout cela. Il s’en est pris à lui. À ce petit garçon qui n’avait pas demandé à naître, criant haut et fort que tout cela était de sa faute. Alors, tu n’avais pas eu le choix, un couteau que tu avais précieusement gardé dans ta chambre au cas où sortit, tu t’interposas entre ton père et ton frère, poignardant l’adulte. Il t’avait lancé un regard choqué, peut-être même attristé. Ta mère criait en voyant le couteau ensanglanté. Et tu n’en revenais pas. Tu l’avais vraiment fait. Dans la panique, ton premier réflexe avait été de prendre Léo par le bras et de le ramener dans sa chambre. Ensuite, tu préparas un sac à dos avec le plus d’affaires possible dedans. Enfin, tu allas prendre une dernière fois ton petit frère dans tes bras avant de t’en aller, jetant au passage un dernier regard à ta mère qui était inconsciente, choquée par ce qu’elle avait vu. Tu allais devoir fuir, car tu préférais encore la liberté à la prison.
Troisième partie : En cavale
Vivre dans la rue n’avait rien de facile. Tu avais beau avoir rapidement compris que la loi du plus fort régnait, tu avais parfois un peu de mal. Tu piétinais les autres, volais, frappais, fouillais dans les poubelles. Au départ, tu te sentais horrible. Puis, c’est vite devenu une habitude. Pourtant, cette habitude, elle n’est pas restée si longtemps que ça. Au bout de presque un an, un homme est venu te voir, il disait t’observer depuis quelques semaines et être intéressé par toi. Au départ, tu pensais à une sorte de piège, mais tu pensais aussi ne pas avoir le choix. Tu n’étais pas en position de négocier quoi que ce soit. Alors tu pris la main de cet homme, celui qui devint ton mentor, celui qui t’avait tout appris : Wade Barret.
Wade était un homme dangereux en soit, un haut placé de la mafia londonienne. Il voulait prendre une sorte de disciple pour faire plaisir au grand patron. Alors, quand il t’a vu dans la rue, il avait tout de suite compris que tu serais la personne idéale pour ça. La vérité, c’était que si tu réussissais à devenir une machine de guerre, tu serais offerte au fils du patron pour accomplir toutes les tâches ingrates qu’il te donnerait. Autrement, tu serais simplement considérée comme étant inutile et tuée. Bien heureusement pour toi, cela n’avait pas l’air de t’effrayer, au contraire. Tu étais tellement reconnaissante envers Wade que tu avais mis tous les efforts possibles dans ton entraînement. Tu devenais de jour en jour cette machine de guerre qu’il voulait que tu sois. Puis, il t’emmena faire des missions avec lui pour t’habituer au terrain. Tu dépassais largement toutes ses espérances. Tu étais douée, un élément qui serait plus que bon pour la famille. Finalement, tu étais devenue plus que la chose du fils du patron, tu étais en grande majorité celle que l’on appelait pour de l’assassinat. Et jamais tu ne décevais.
Parfois, tu pensais à Léo, à comment il grandissait, ce qu’il devenait. Alors tu eus l’idée de lui faire passer un message. À l’ancienne, dans une enveloppe dans laquelle tu glissas un cd de la musique Stand By Me de Ben E. King accompagné d’un simple petit mot disant « Tu me manques - F » avant de te rendre devant cette maison qui avait bercé toute ton enfance et de l’enfoncer dans la boîte aux lettres. Parfois, tu t’y rendais discrètement pour observer aux fenêtres et en espérant le voir. Tu ne bougeais d’ailleurs pas jusqu’à ce que sa petite bouille apparaisse devant tes yeux. Peu importe le temps que cela pouvait prendre. Puis, au fil du temps, les petits messages que tu lui envoyais étaient accompagnés d’une liasse de billets. Et quand tu allais dans un autre pays, tu lui envoyais des cartes postales. Il ne pouvait pas te répondre, tu ne lui laissais jamais d’adresse, rien. C’était probablement plus sûr pour lui… Mais tu rêvais de temps en temps de te retrouver face à lui et de pouvoir le serrer dans tes bras.
Quatrième partie : Complot et trahison
Tu étais douée. Parfaite aux yeux de tes supérieurs, bien trop aux yeux de ceux qui te jalousaient. Tu ne leur parlais pas, tu n’en voyais pas l’intérêt. Et de toute façon, tu ne parlais pas à grand monde, seul Wade pouvait t’arracher quelques mots. Et le seul qui pouvait te faire sourire n’était pas avec toi.
Un jour, on te donna la mission de tuer un homme, rien d’anormal en soit. Apparemment un véritable connard. Mais tu ne t’attardais pas sur ce genre de détails. Tu te contentais de faire ton travail. Puis, tu interceptas une conversation que tu n’aurais jamais dû entendre. Des hommes de la mafia discutaient, parlant de ton futur assassinat durant ta prochaine mission. Bien qu’intéressée par ce qu’il se disait, tu n’y croyais pas un seul mot. Tu faisais totalement confiance à tes supérieurs.
Tu étais devant lui, ce fameux connard qui méritait largement la mort. Il tentait de te convaincre de ne pas le faire et tu t’amusais à l’écouter, donnant toutes sortes d’arguments qui, avouons-le, ne marcheront jamais. Enfin, jamais jusqu’à ce que deux hommes entrèrent dans la pièce, justifiant leur présence par le fait qu’ils venaient vérifier que la mission se déroulait à merveille. Alors tu repensas à cette discussion, la supposée trahison que tu allais soi-disant subir. Mais tout était bizarre. Jamais on était venu te voir en prétextant vérifier que tout se passait bien, et tu ne reconnaissais pas non plus les visages de ces hommes. Alors tu n’as pas réfléchi, tu les as tué. Tu as trahi les tiens. Tu les as trahis et tu as fui avec ta cible.
Cinquième partie : Magnus Werner
C’était, et c’est toujours, son nom. Magnus Werner. Par moments, tu te disais que cet homme était littéralement un génie. Il respirait la classe et la putain d’intelligence. Mais tu aimais encore plus lorsqu’il était violent avec vos victimes. Il te fascinait, t’obsédait peut-être aussi. Et au fil du temps, tu t’es mise à l’aimer, ressentir un amour que tu définissais comme étant inépuisable pour lui. Vous étiez comme Bonnie et Clyde et tu aimais ça. Tu n’avais jamais douté de lui et jamais tu n’y penserais une seule seconde. Tu lui étais loyale tout comme il l’était envers toi. Puis un jour, vous avez décidé de vous installer définitivement quelque part. Le lieu était stratégique, mais il t’enchantait. Lumopolis allait connaître l’arrivée du couple le plus dangereux de cette putain de planète.
Sixième partie : Lumopolis et D-VICE
Si Lumopolis était la ville aux mille et unes possibilités pour toi, ce n’est que quand D-Vice t’a approché que ta vie à réellement pris un nouveau tournant. Alors que le jeu allait faire son entrée fracassante au sein du district, ils décidèrent de t’approcher dans un but simple : te recruter. Ce qu’ils te proposaient se résumait en une phrase, tu devais capturer et torturer ceux qui oseraient parler du jeu aux autorités et les mener dans la première phase de leur descente aux enfers en tant que prisonners. En contrepartie, ils proposaient une somme d’argent plus que raisonnable. Tu n’as pas réfléchi très longtemps. S’ils étaient venus te voir ce n’était que pour une raison, ils te savaient compétente. Tu acceptas sans tarder la proposition et devins l’un des tous premiers chiens de D-Vice. Et comme si cela ne suffisait pas, tu étais aussi la première à avoir joué ton rôle.
Elle s’appelait Jade, Jade Bennett. Effrayée par la mort de certains players, elle prit la décision d’aller voir la police. C’était elle, ta première victime, mais aussi la toute première prisonner de l’histoire de D-Vice. Aucune pitié, aucun remords. Cela ne t’allait pas de te sentir coupable pour ces lâches. Et tu te fichais des agissements Ô combien illégaux du jeu, tu n’étais pas la mieux placée pour te poser des questions ni pour les blâmer.
Septième partie : Apolonia
C’était il y a un an. Alors que tu te promenais tranquillement dans les rues de Lumopolis. Il n’avait pas suffi de grand-chose. Pour ta part, tu avais simplement entendu un crissement de pneu avant de te rendre sur les lieux. C’est ici que tu la rencontras pour la première fois. Elle qui était à la base bloquée dans les décombres de la voiture retournée, tu la sortis de ce bourbier. Les deux autres personnes, possiblement ses parents, n’étaient déjà plus de ce monde. Et alors que tu l’aidais à sortir de la voiture, elle prononça un simple mot. Et il n’avait suffi que de ce mot pour que ton cœur s’entiche de la demoiselle. Ce “maman” qui s’était échappé de ses lèvres te fit fondre. Pour la première fois depuis longtemps, tu t’étais attachée à quelqu’un. Alors tu la ramenas chez toi, la pris sous ton aile, et supplias ton cher et tendre de tout faire pour la sauver, mais aussi pour pouvoir la garder auprès de vous. Tu voulais simplement prendre soin d’elle comme si elle était ta propre fille. Grâce à tes contacts chez D-Vice, tu trafiquas sa puce pour changer son identité. Et Apolonia Polkova devint Apolonia Abberline-Werner.
À tes yeux, elle était ta fille, ton ange. Mais, par dessus tout, elle intégra le cercle très fermé des personnes auxquelles tu tenais le plus, précédant Léo et Magnus. Tu savais que l’Autrichien ne la considérait pas comme toi tu pouvais le faire. Mais tu t’en fichais. Tu l’aimais comme un membre de ta famille.