Lumière assassine, tranchante dans ses lasers et projecteurs. Balayage intempestif, corps qui s'agitent du bras à la hanche. Leurs formes apparaissent ombres, l'odeur dégagée par leurs pores les rend encore réels. La musique happe, frappe, tambourine et recrache. Des hurlements essaient de crever l'abcès cacophonique, en vain. Mais ça ne fait rien, tant que le D.J continue son mix, tant que l'alcool et un rail de verre bleu (ou pour les plus riches, du lien noir) passent, tout ira bien. C'est dans cette ambiance qui la répugne que Sayaka entre, protégée par ses bouchons spéciaux et une paire de lunettes lui permettant d'atténuer la violence des lumières. Elle n'entre pas dans cette boîte pour s'amuser comme eux, ces ... quidams; ces riens dans sa vie, ces poches à cris. Non, ce qu'elle veut est bien plus mortel et euphorisant que ces petites pourritures bonnes à déchirer en intrinsèque ce qu'il leur reste d'organes. Elle est là pour tuer.
Même si la brûlée n'est pas là pour se déhancher et faire montre de ses attributs dans le seul but d'épancher son rut, elle n'en reste pas moins fondue dans la masse grâce au concours de sa blouse et ses petites bottines cirées. Cependant, pas de bijoux, pas de fioritures qui de manière impromptue, pourraient s'accrocher quand ... le vrai jeu commencera. Sayaka avance, son couteau tactique caché sous sa cape. Elle jauge les possibilités, remarque les entrées, le tout en se rappelant de la zone spécifique où se trouve son objectif. Au milieu de ces fous furieux, elle fait tâche, immobile et calme. Seuls ses yeux s'animent sous les reflets lumineux, jusqu'à ce qu'un rictus mauvais étire ses lèvres. Mais personne ne peut voir ça. Personne. Car Sayaka a déjà disparu.
Pour se retrouver où, au final ? Au dessus des strip teasers, des pochtrons et des médiocres danseurs. Pour avancer vers les pièces privatisées, se faufiler dans celle réservée à la sécurité au moment où la relève doit se faire. Timing parfait. L'homme remplaçant son collègue ne se doute pas du clapier qui a été posé. Dès qu'il franchit la porte et que celle-ci se referme, la jeune femme l'écrase joue contre sol, el frappe une, deux fois, avec le manche de son couteau. Puis, une fois qu'elle est assurée que comme le lapin qu'il est, celui-ci est assommé, elle tranche avec force sa gorge ainsi mise à portée. Elle en profite ensuite pour récupérer cette bouteille d'eau que sa victime avait amenée, afin de rincer son arme et ses mains. Carte de sécurité à présent en sa possession, elle vérifie les caméras de sécurité via l'ordinateur maintenant accessible.
Le plan se déroule comme il doit se dérouler. Ne reste plus que l'avancée vers la salle privatisée. Il y a d'autres personnes que sa cible, mais à quoi bon; elle s'en fout. Il ne sauront pas qui elle est, avec cette demi cagoule qu'elle tire jusqu'à son nez, et cette prothèse esthétique éphémère la couvrant de tatouages dignes des clans asiatiques. Ils ne réagiront qu'à la menace, sans chercher à comprendre qui est l'assassin. Et pour preuve, le premier agent de sécurité qui remarque cette présence importune et dangereuse ne cherche qu'à l'arrêter. Mais au final, c'est elle qui l'arrête. En le prenant en clé, en l'éclatant le nez dans le rebord métallique de la porte, une, deux, trois fois, avant de le prendre au col et s'en servir de bouclier humain. Les tirs fusent, alors que les civils présents et non ciblés se mettent à crier. Une strip teaseuse a d'ailleurs la mauvaise idée de grimper sur le rebord du fauteuil, avant de lamentablement s'éclater au sol. Sayaka s'empare du pistolet de son bouclier, et tire. Une balle dans un pied, trois autres dans le bide. Un en moins. Et ça ne fait que commencer.