C’est l’un des rares soirs où personne ne t'accorde l’attention que tu mérites. Un soir où, malgré le détail que tu as mis dans ta tenue, tes copines ont plus de chance que toi... Par détail tu veux bien sûr dire que tu montres le plus de peau possible, que tu as choisi ce soir une robe noire dévoilant le bas de ta poitrine et tout ton ventre, ne laissant que très peu de place à l’imagination. Les seuls regards ont été ceux qui t’ont reconnu, ceux qui restent dans l’ombre et te saluent simplement de loin, l’air timide. Rien à se mettre sous la dent, même pas de quoi rigoler un peu autour d’un verre.
Malheureusement, ouais.
Y’a
aussi ce genre de soirées un peu nulles.
La clope au bec à l’extérieur, tu pèses tes options. Rentrer et passer ta soirée en compagnie de Toast, ou insister et attendre que le temps fasse son œuvre. Peut-être est-il encore trop tôt pour qu’il se passe quelque chose d’intéressant ? Tu regardes l’heure sur ton téléphone, déçue.
Ce serait mentir d’omettre que l’idée d’aller chez Léo ne t’a pas effleuré l’esprit. Tu ne sais pas vraiment où il habite… Mais avec les bons mots et la promesse d’une jolie fin de soirée, tu sais qu’il serait venu te chercher en voiture. Ou plutôt tu aurais hurlé assez fort pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas vraiment le choix. Et il serait venu. Tu en es sûre.
Au même moment où ta cigarette termine son utile mais courte vie dans le cendrier, un sifflement se fait entendre. Oh tu ne doutes pas une seule seconde qu’il t'est destiné, est déjà prête à envoyer chier la personne qui a osé, peu importe de qui il s’agit. T’es bien des choses Felicy, mais certainement pas un chien. Alors tu tournes les talons, ouvre la bouche prête à hurler les pires noms d’oiseaux qui te viendront à l’esprit sur le moment -
ça vient comme ça vient, t’y fais pas attention- et à jeter ta main contre ce visage.
Visage que, finalement
tu reconnais bien.
« Ambrose ! »
t’exclames-tu.
Bien que l’envie d’agressivement caresser sa joue te titille toujours.
Posé là, adossé au mur comme s’il possédait l’endroit, il te salue. Tes talons se rapprochent quand même, quand même avec moins de fermeté. Tout comme la tape que tu infliges à son épaule ; pauvre, maigre, mais elle est quand même là.
« Chéri, le manque te fais perdre la tête pour oser t’abaisser à pareilles pratiques ? Ça me désole… »
dis-tu en croisant tes bras sur ta poitrine. « Si tu en as vraiment besoin, on peut en discuter, je peux t’aider tu sais. » termines-tu avec un clin d'œil.
- «
Oh pitié, envois-moi chier. » penses-tu, prête à démarrer l’une de vos nombreuses conversations mélangeant sucre et poison. Ambrose, c’est particulier. Ambrose, c’est un feu d’artifice. Alors, finalement, la soirée ne s’annonce pas si terrible que ça.
« Je ne te demande pas comment tu vas, vu qu’apparemment tu es du genre à passer directement au plat principal. »