Tu rigoles à sa réponse pleine d’innocence.
« Je n’irais pas jusqu’à dire une formalité, j’aime avoir peur, c’est pour ça que j’apprécie les films et jeux dans ce style. On ne s’y habitue jamais vraiment, mais on connaît les classiques ! »
lui réponds-tu. Il avait fallu pas mal de temps pour que ton stress redescende, même s’il est encore bien présent. Les questions sont toujours les mêmes, tu essayais juste de profiter du moment présent et ne pas en perdre une miette.
Et puis, tes oreilles sonnent.
C’est la fin.Tu regardes autour de toi et vois les tables se remplir. Tu regardes l’heure, vois bien que les minutes ont filées à une vitesse ahurissante. Tu aurais dû lui dire beaucoup plus, et en même temps tu n’y arrivais pas. Il te fallait plus de temps, beaucoup plus.
« Non, je comprends. Ne t’excuses surtout pas. »
Une pointe au cœur, le retour de l’amertume, la solitude qui reprend petit à petit possession de toi. Tu n'entends même pas le début de sa prochaine phrase, perdu dans le tourbillon de ton esprit destructeur.
« … Oui ! Oui je… Oui, échangeons nos numéros. »
dis-tu, forçant un sourire.
Tu reçois la demande, tu ne prends pas le temps de l’accepter tout de suite. Pour toi c’est une évidence, bien sûr que tu vas la recontacter. Tu n'es rien sans elle, après tout.
Et ses doigts caressent une dernière fois ton poignet, elle te donne une dernière parole se voulant rassurante, presque aimante.
« Ça ne t’engage à rien non plus… Mais je serai ravi d’avoir un message de ta part, Apolonia. »
Et ses mains glissent des tiennes comme la marée sur le sable. Elle se lève, tu la regardes partir.
L’inconnue rose bonbon. Mais elle est bien plus que ça. Elle est la muse de ton existence, ton sourire et ta foi. Elle est la mère du début de ta vie lorsqu’elle y est entrée, espérant à l’époque que jamais elle ne la quitte. Tu l’avais cru morte, et la voilà en chair et en os ; t'adressant la parole comme à un inconnu.
Tu ne
comprends pas,
Rien n’a de sens dans ce que tu viens de vivre.
Où était-elle passée ?Pourquoi ne te reconnait-
elle pas ?
Son apparence s’évapore en cuisine alors que tu laisses un billet au pourboire généreux sur la table, à côté de ton café à peine entamé, incapable de rester dans ce commerce une seconde de plus. Tu attrapes ton téléphone, rompt le live sachant très bien que ton défi est réussi et t’échappe sans dire au revoir, empruntant le chemin de ta maison.
Tu t’arrêteras dans une allée,
Hurleras de toutes tes forces ta peine,
Haletant, cherchant l’air entre tes sanglots ;
Et tu reprendras la route.00
Tu es désespéré, Helios.